Foutu Poulet ! [micro texte]

Foutu poulet ! Ah il est fier, cet imbécile, du haut de son tas de fumier, à regarder ses poules se dandiner. Mais pas le matin, pas à l’aube, pas quand je dors ! Non mais pour qui se prend-il ? Non mais quoi ? C’est trop demander un peu de silence ? De paix ? N’est-ce pas censé être calme, la campagne ? J’ai troqué les sirènes de poulets toute la nuit pour le cri d’un seul dès que le soleil se lève ? Ben merde alors ! Je vais le plumer. Y’a bien cette vieille hache dans la grange, ça fera l’affaire. C’est fin, un cou de volaille. Elle pèse lourd, en plus. Y’a plus qu’à l’abattre. Me faire marcher dans l’herbe humide, avec la tête dans le cul, je retiens ! Bon sang… Je le vois ce petit réveil sur patte. Tu vas moins faire le malin dans quelques secondes, mon vieux. C’est de bonne guerre. Y’avait qu’un grillage pour nous séparer, maintenant tu es à moi. Tu peux toujours courir, t’égosiller, je t’aurais. Ne crie pas comme ça, montre-moi ta gorge. Vient ici ! Sale bête ! Mais c’est que c’est agile, ce truc. Eh ! Mais enfin ! Je vais… je… J’en peux plus. Tu te défends bien petit. Allez, on fait la paix ? T’as gagné. On est pote, hein ? La hache ? Mais non, je ne la lève pas… Mais non. Regarde-moi. Dans ta face !! Raté. Tu m’as vu venir hein ? T’es plus malin que t’en a l’air. J’suis épuisé, j’ai plus qu’à retourner me coucher. Me regarde pas comme ça toi ! Fais chier. Foutu poulet !