Candy Crush

crush

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Personnages :

Fraise : Fille de la comtesse de Tagada.

Comtesse de Tagada.

Gélatine : Dame de compagnie de Fraise.

Nutella : Fille du Duc de Gaufre.

Duc de Gaufre.

Noisette : Dame de compagnie de Nutella.

Baron de Limonade : Prétendant de Fraise et Nutella.

Diabolo : Valet du Baron de Limonade.

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ACTE I — SCÈNE 1.

Fraise, Gélatine.

 

Fraise est debout devant une table pleine de plantes vertes et prend des notes dans un carnet bleu. De temps en temps elle observe une feuille ou une branche à la loupe puis retourne écrire. Entre alors Gélatine en courant, retenant ses jupons pour ne pas s’y prendre les pieds.

Gélatine

Dame Fraise ! Dame Fraise !

Fraise

Chut ! Gélatine, tu vois bien que je travaille.

Gélatine

Mais Dame Fraise…

Fraise

Ah ! Tu me déconcentres, coquine. A cause de toi, je ne sais plus où j’en étais.

Gélatine

Que Madame me pardonne… Mais dîtes, que faisiez-vous donc ?

Fraise

J’étudie la paléobotanique, figure-toi. C’est une science très compliquée qui demande de la concentration. Voilà pourquoi tu ne dois pas me déranger.

Gélatine

Et si j’ai une information importante et urgente à vous communiquer, je ne peux pas non plus vous interrompre ?

Fraise

Eh bien… Si, dans ces cas-là, tu peux. Mais si c’est vraiment grave, il vaut peut-être mieux le dire à ma mère.

Gélatine

Oh, mais Madame la Comtesse est déjà au courant. C’est elle qui m’a chargé de vous porter le message.

Fraise

Un message ? Qu’y a-t-il de si important ?

Gélatine

Sautillant de joie – C’est le Baron de Limonade, il vient d’arriver en ville !

Fraise manque de tomber à la renverse. Dans son élan, elle fait chuter son carnet qu’elle ramasse machinalement.

Fraise

Se relevant – Diantre ! Gélatine, pourquoi ne l’as-tu pas dit tout de suite ?

Elle s’élance hors de scène, son carnet en main, sans laisser le temps à sa dame de compagnie de répliquer.

Gélatine

En la suivant – Je savais bien que j’avais raison d’aller la voir…

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SCÈNE 2.

Nutella, Noisette.

 

Nutella est debout devant une table pleine de fossiles et de vieux ossements et prend des notes dans un petit carnet bleu. De temps en temps elle observe un os ou une pierre à la loupe puis retourne écrire. Entre alors Noisette en courant, retenant ses jupons pour ne pas s’y prendre les pieds.

Noisette

Dame Nutella ! Dame Nutella !

Nutella

Ah ! Noisette ! Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu vois bien que j’étudie.

Noisette

Mais Dame Nutella…

Nutella

Il n’y a pas de mais ! Je t’ai demandé de ne pas me déranger, ça me déconcentre. Ah, vilaine ! Par ta faute j’ai perdu le fil de mes pensées. Que faisais-je ?

Noisette

Oui, que faisiez-vous ?

Nutella

J’étudie la Crypto-zoologie, figure-toi. C’est une science complexe et qui requiert de l’attention. Voilà Pourquoi tu dois me laisser en paix.

Noisette

Mais si c’est de la plus haute importance, qu’est-ce que je fais ?

Nutella

Dans ce cas… tu peux. Mais si c’est si grave, il vaut peut-être mieux en parler à mon père.

Noisette

Oh, mais Monsieur le Duc est déjà au courant. C’est lui qui m’a demandé de vous porter le message au plus vite.

Nutella

Un message ? Que se passe-t-il donc ?

Noisette

Sautillant de joie – C’est le Baron de limonade, il vient d’arriver en ville !

Nutella manque de tomber à la renverse. Dans son élan, elle fait chuter son carnet qu’elle ramasse machinalement.

Nutella

Se relevant – Bigre ! Noisette, pourquoi as-tu attendu pour me l’annoncer ?

Elle s’élance hors de scène, son carnet à la main, sans laisser le temps à sa dame de compagnie de répliquer.

Noisette

En la suivant – Je savais bien que j’avais raison de l’interrompre…

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SCÈNE 3.

Fraise, Gélatine, Comtesse de Tagada.

 

Fraise et Gélatine arrivent en courant et rejoignent la Comtesse qui regarde par une fenêtre.

Fraise

Mère ! Mère ! Est-ce vrai que le Baron de Limonade est en ville ?

Comtesse de Tagada

Ne cours pas ainsi ma fille, ce n’est pas digne de ton rang. Et oui, je l’ai vu passer ce matin près du marché et je lui ai parlé.

Fraise

Oh quelle chance vous avez, mère.

Comtesse de Tagada

Il a accepté de dîner avec nous ce soir et de te rencontrer. Tâche d’être présentable.

Fraise

Se pâmant – Ah ! Quelle chance j’ai.

Comtesse de Tagada

Gélatine !

Gélatine

Oui Madame la Comtesse ?

Comtesse de Tagada

Occupez-vous de rendre ma fille parfaite pour ce soir, je vois d’ici le Duc de Gaufre qui discute avec le Baron. Je sens qu’il va encore nous ennuyer celui-là. (Pour elle-même) Comme si sa pauvre fille avait la moindre chance.

Gélatine

Bien madame la Comtesse.

Fraise et sa dame de compagnie s’éloignent.

Fraise

Je sais déjà quelle robe je vais mettre. Et je veux des rubans dans les cheveux…

Elles disparaissent de scène. La comtesse de Tagada est seule, toujours le nez collé à sa fenêtre.

Comtesse de Tagada

Ah mais c’est qu’il ose, ce sacripant. Et voilà, il invite le Baron à dîner. C’est ridicule. (Elle a un hoquet de dédain) Il dit non, ce brave homme, bien fait ! L’autre bougre insiste… Misère ! Le baron accepte. (Elle lève le poing) Tu vas voir, brigand ! Tu as réussi ton coup, mais je frapperai la première ! (à elle-même, plus bas) Il faut que j’en sache plus…

La comtesse sort de scène.

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SCÈNE 4.

Nutella, Noisette, Duc de Gaufre.

 

Nutella et Noisette arrivent en courant et rejoignent le Duc qui regarde par une fenêtre.

Nutella

Père ! Père ! Est-ce vrai que le Baron de Limonade est en ville ?

Duc de Gaufre

Ne cours pas ainsi ma fille, c’est n’est pas digne de ton rang. Et oui, je l’ai vu ce matin près du marché, la Comtesse de Tagada lui parlait.

Nutella

Ah quelle chance elle a, père.

Duc de Gaufre

Que dis-tu là ? Ce n’est pas de la chance, c’est un fichu culot. Je sens qu’elle va encore nous gêner, cette bécasse. (Pour lui-même) Comme si sa pauvre fille avait la moindre chance…

Le Duc colle son nez à la fenêtre.

Duc de Gaufre

J’aperçois le baron qui s’avance. Il s’agit de saisir l’occasion. Je file lui parler et l’inviter à dîner.

Le Duc sort à toute vitesse. Seules, Nutella et Noisette s’avancent près de la fenêtre et espionnent la conversation du Duc de Gaufre et du Baron de Limonade.

Nutella

Après un temps, désespérée – Horreur ! Il refuse.

La jeune fille cache sa honte dans ses mains, mais sa dame de compagnie lui donne un coup de coude.

Noisette

Joyeuse – Regardez donc ! Il a dit oui et votre père est tout heureux. Je suis certaine qu’il a réussi.

Nutella

Se précipitant au carreau – Vraiment ? Mais c’est formidable Noisette. (Se pâmant) Ah, quelle chance j’ai.

Noisette

En riant – Eh regardez la mégère, en face, qui enrage à sa fenêtre.

Nutella

Faussement choquée – Noisette, comment osez-vous parler ainsi d’une Comtesse ?

Les deux se mettent à rire. Le Duc revient, détendu.

Duc de Gaufre

J’ai obtenu qu’il vienne dîner en notre compagnie demain soir pour te rencontrer ma fille. Il était déjà pris aujourd’hui. Tâche d’être présentable d’ici là.

Nutella

Mais que vais-je porter ? Je n’ai rien à me mettre.

Duc de Gaufre

Quoi ? Tu as des dizaines de tenues.

Nutella

Mais père, rien qui fasse honneur au Baron. Vous ne voudriez tout de même pas gâcher mon entretien avec lui pour une histoire de robe ?

Le Duc fouille sa poche et en sort un petit sac de pièces. Il tend la bourse à Noisette.

Duc de Gaufre

En soupirant – Noisette, va chercher une robe digne de ce nom avec ma fille. Et choisissez bien, que cet investissement rapporte.

Nutella

Merci père !

Les filles s’en vont à la ville, comptant déjà leur budget. Le Duc reste seul, il se met à tourner en rond, les bras croisés dans son dos.

Duc de Gaufre

Maudite Comtesse ! Je te soupçonne fortement d’être à l’origine de l’invitation qui retient le Baron ce soir. Bougresse ! Tu oses ? Mais je suis le plus malin. Tu ne m’auras pas si facilement. Tu as frappé la première, mais moi je frapperai plus fort ! (se calmant) Tiens, j’ai tout le temps d’organiser le dîner le plus parfait tandis que tu te presses. Commençons par le commencement…

Il sort de la pièce d’un pas décidé.

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ACTE II — SCÈNE 1.

Fraise, Gélatine, Comtesse de Tagada, Baron de Limonade, Diabolo.

 

La Comtesse, le Baron et Diabolo sont en scène, ils attendent.

Comtesse de Tagada

Droite comme un piquet avec un sourire figé – Gélatine ! (Un temps) Gélatine ! (Un temps – plus ferme) Gélatine !

Gélatine arrive à grand pas, visiblement épuisée.

Gélatine

Je suis là, Madame.

Comtesse de Tagada

Ah, tout de même. Le Baron de Limonade est là depuis deux minutes, où est Fraise ?

Gélatine

Je cours la chercher, Madame.

Gélatine fait demi-tour et trottine, essoufflée.

Comtesse de Tagada

Ah Baron, Veuillez excuser la terrible impolitesse de Gélatine, ce n’est qu’une dame de compagnie effroyablement bête. Je la punirai tout à l’heure pour ne pas avoir salué avec tout le respect qu’elle vous doit.

Baron de Limonade

Oh ne vous fatiguez pas. Je n’ai cure de l’attention des servantes.

Diabolo tique, puis hausse les épaules.

Comtesse de Tagada

Fort bien fort bien… Vous avez tout à fait raison. Si l’on commence à se soucier de cela, avec des rustres pareils…

Diabolo

On ne s’arrête jamais, ça oui. C’est du boulot pour pas grand-chose.

La comtesse et le Baron se tournent vers lui, surpris.

Diabolo

Qu’est-ce que je vous disais, même moi… Je…

Il fait signe qu’il se tait. Fraise arrive alors dans une énorme robe rouge. Tout le monde se tourne vers elle, qui a du mal à marcher. Elle tient toujours son carnet.

Baron de Limonade

Voilà enfin la fameuse Fraise.

Diabolo

Bas, au Baron – Qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ? On ne nous avait pas prévenus qu’il s’agissait d’une soirée déguisée.

Baron de Limonade

Bas, à Diabolo – Ne me fais pas rire, j’ai assez de mal à cacher mon amusement.

Quand Fraise arrive à sa hauteur, le Baron lui fait un Baisemain. Elle fait une petite révérence.

Fraise

Ravie de vous rencontrer Monsieur le Baron de Limonade.

Diabolo

Levant son béret – Madame.

Baron de Limonade

Remarquant le carnet – Qu’y a-t-il donc dans ce joli petit carnet bleu ?

Diabolo

Bas, au Baron – Je parie sur de la poésie d’amour.

Baron de Limonade

Bas, à diabolo – Moi sur un journal intime.

Fraise

Pardonnez-moi, j’ai oublié de le poser. C’est mon carnet de note.

Gélatine

Elle étudie la botanique et faut pas la déranger quand elle fait ça.

Fraise

C’est de la Paléobotanique.

Diabolo et le Baron prennent un air étonné.

Baron

C’est très impressionnant, vraiment. Je ne savais pas que j’avais affaire à une érudite. Puis-je y jeter un coup d’œil ?

Fraise

Oh, bien sûr Baron. (Elle lui tend le livre) Vous vous y connaissez en plante ?

Le baron feuillette rapidement quelque page, épié par-dessus son épaule par son valet.

Baron

Oh… Vous savez… Moi…

Diabolo

Réprimant un rire – Je puis vous assurer, Dame Fraise, qu’en plus d’être un héros de guerre, mon Maître est aussi un grand penseur. Par exemple : savez-vous en quoi est tissé mon béret ?

Fraise

Eh bien… C’est-à-dire que non. Mais si je pouvais l’étudier à la loupe…

Diabolo

L’interrompant – Evidemment. A la loupe vous comprendriez certainement, intelligente comme vous l’êtes, qu’il a été fait à base de racine carrée de vingt-huit. C’est extraordinaire, c’est-ce pas ?

Fraise

Je ne pensais pas qu’un valet pouvait avoir tant de connaissances…

Diabolo

Tout ce que je sais, je le tiens du Baron

Comtesse de Tagada

Je sens que la conversation de ce dîner va être passionnante, ce sera fort agréable. Allons donc nous installer plus confortablement.

Tout le monde sort de scène, guidé par la Comtesse de Tagada.


 

SCÈNE 2.

Fraise, Comtesse de Tagada, Baron de Limonade, Diabolo.

 

Les quatre sont à la porte de la demeure de la Comtesse. Le Baron et son valet s’en vont.

Comtesse de Tagada

Saluant élégamment – Bonsoir Monsieur le Baron, reposez-vous bien.

Fraise

Faisant de même – A bientôt j’espère, cher Baron.

Baron de Limonade

C’est cela, c’est cela. Merci pour les sucreries.

Les deux hommes sortent de scène.

Comtesse de Tagada

A Fraise – Regarde-le comme il a l’air guilleret. Il sourit à pleine dents. Ah, ma fille ! Que j’ai hâte d’organiser ton mariage ! Mais où as-tu eu cette idée de parler de botanique ?

Fraise

Paléobotanique, mère. Et je l’étudie réellement.

Comtesse de Tagada

Tu as parfois des idées bien saugrenues. Passons. Après tout cela t’as réussi, c’est tout ce qui importe. Le brave homme, il a pris le temps de t’apprendre de nouvelles choses.

Fraise

Oui mère, c’est vraiment un homme formidable. Il est si beau.

Comtesse de Tagada

Et si riche !

Fraise

Et si fort…

Comtesse de Tagada

Très influant…

Fraise

J’ai tellement hâte qu’il me demande en mariage.

Comtesse de Tagada

Pour cela, il faudra être parfaite. Vas donc dormir, que tu sois belle demain encore.

Fraise soupire puis rentre dans la maison.

Comtesse de Tagada

Seule – Que dis-tu de cela, Duc de Gaufre ?

Elle sort à son tour de scène.

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SCÈNE 3.

Baron de Limonade, Diabolo.

 

Les deux marchent côte à côte en riant, ils essayent de ne pas faire trop de bruit.

Baron de Limonade

Ah, Diabolo ! Je ne suis pas mécontent d’en être enfin sorti. Je ne tenais plus.

Diabolo

Désignant le petit pot de friandises dans ses mains – Au moins, nous avons été gâtés.

Baron de Limonade

C’est certain, ils n’ont pas lésiné sur les moyens. J’ai presque honte d’en avoir profité autant.

Diabolo

Pas tant que moi.

Le valet se met à rire franchement.

Baron de Limonade

Pas si fort… Avec tout ce que tu as bu dès qu’elles avaient le dos tourné, ça ne m’étonne pas.

Diabolo

Seigneur, ne me réprimandez pas, la soirée a été trop belle.

Baron de Limonade

Belle ?

Diabolo

Amusante, surtout.

Baron de limonade

Ah ça oui ! Comment fais-tu pour inventer autant de bêtises et à les rendre crédible ?

Diabolo

Avec des dupes pareilles, c’est très simple. Il suffit d’avoir l’air sûr de soi. Quand j’ai vu l’état et le contenu de son carnet bleu, j’ai tout de suite compris que je ne prendrais aucun risque.

Baron de limonade

Et ce n’était pas le meilleur !

Diabolo

Vraiment ?

Baron de limonade

Tu n’as rien remarqué ?

Diabolo

Oh, dites-moi tout, je n’en peux plus d’attendre.

Le Baron rit un bon coup.

Baron de limonade

Je t’ai bien dis que tu avais trop bu. La Comtesse n’a pas arrêté de me toucher. Et que je te pose une main sur le genou, et que je te fasse du pied sous la table…

Diabolo

Ce n’est pas vrai ?!

Baron de limonade

Sans parler des œillades et des sourires.  Ça en devenait gênant…

Diabolo

Amusé – Une vrai Nymphomane ! Bourreau des cœurs !

Baron de Limonade

Toi et tes mots compliqués…

Diabolo

Pas aussi complexe que la paléobotanique, n’est-ce pas ?

Ils partent en fou rire.

Baron de limonade

Ah diabolo ! Comme je m’ennuierais sans toi.

Diabolo

Tout le plaisir est pour moi.

Ils reprennent la marche, le valet légèrement en retrait. Le baron disparait de scène tandis que son valet le regarde en hésitant. Il semble se raviser puis le rejoint.

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ACTE III — SCÈNE 1.

Nutella, Noisette, Duc de Gaufre, Baron de Limonade, Diabolo.

 

Le Duc, le Baron et Diabolo sont en scène, ils attendent.

Duc de Gaufre

Droit comme un piquet, sourire crispé – Noisette ! (Un temps) Noisette ! (Un temps – plus ferme) Noisette !

Noisette arrive à grand pas, visiblement exténuée.

Noisette

Je suis là Monsieur.

Duc  de Gaufre

Il est temps. Le Baron est là depuis deux minutes, où est Nutella ?

Noisette

Elle arrive Monsieur, je m’en vais la chercher.

Noisette fait demi-tour et trottine, essoufflée.

Duc de Gaufre

Veuillez pardonner ce rustre pour son impolitesse, ce n’est qu’une dame de compagnie incroyablement ignare. Je la ferais punir pour cela.

Baron de Limonade

Je n’en ai que faire, ne vous fatiguez pas.

Duc de Gaufre

Elle le mériterait, pourtant…

Baron de Limonade

J’insiste.

Duc de Gaufre

Comme vous voudrez. (Un temps) Si ce n’est pas indiscret, comment s’est passé votre dîné d’hier soir ?

Baron de Limonade

Je m’y suis terriblement amusé. Pourquoi donc cette question ? Quelque chose vous chagrine ?

Duc de Gaufre

Pas du tout, pas du tout. Vous avez l’air un peu fatigué, j’ai eu peur que vous ayez passé une mauvaise nuit.

Diabolo

Nous sommes rentrés bien tard, c’est vrai.

Le Duc et le Baron se tournent vers lui d’un air surprit.

Diabolo

Excusez mon ardeur. C’est ce mal de tête, il me fait oublier de garder le silence.

Il fait signe qu’il se tait. Nutella arrive alors dans une énorme robe brune. Tout le monde se tourne vers elle, qui a du mal à marcher. Le carnet bleu est posé sur le buffet depuis la veille, en évidence.

Baron de Limonade

Voilà enfin la fameuse Nutella.

Diabolo

Bas, au Baron – encore un déguisement ? C’est de coutume ici, ma parole ? Elle ressemble à un étron sur patte.

Baron de limonade

Bas, à Diabolo – Arrête tes bêtises, je vais finir par craquer, c’est déjà assez drôle.

Quand Nutella arrive à sa hauteur, le Baron lui fait un baisemain. Elle fait une petite révérence.

Nutella

Enchantée de vous rencontrer Monsieur le Baron de Limonade.

Diabolo

Levant son béret – Madame.

Baron de limonade

Remarquant le carnet sur le buffet – Mais a qui donc ce joli petit carnet bleu ?

Diabolo étouffe un rire et tente de le masquer en toux.

Nutella

Il est à moi, je l’ai oublié ici.

Baron de Limonade

Que contient-il ?

Nutella

Oh, c’est seulement un carnet de note…

Noisette

Elle étudie la zoologie et il ne vaut mieux pas la déconcentrer dans ces moments-là.

Nutella

C’est de la Crypto-zoologie.

Diabolo et le Baron prennent un air étonné.

Baron de Limonade

C’est incroyable, j’ai affaire à une érudite ! Puis-je y jeter un coup d’œil ?

Nutella

Oh bien sûr Baron. Faites ce qu’il vous plaira. (Elle prend le livre et lui donne) Vous aimez les fossiles ?

Baron de Limonade

Certainement !

Il feuillette, avec Diabolo par-dessus son épaule. Diabolo couvre un autre rire par une quinte de toux.

Diabolo

Réprimant difficilement un rire – Je puis vous assurer, Dame Nutella, qu’en plus d’être un héros de guerre, mon Maître est aussi un grand penseur. Par exemple : Saviez-vous que la preuve de l’existence du légendaire Tricycle, l’animal bien sûr, a été définitivement prouvée ?

Nutella

Oh vraiment ? Ce doit être très récent…

Diabolo

L’interrompant – Ne vous inquiétez pas, l’information est encore secrète. Cela doit rester entre nous. (Il fait un clin d’œil) C’est justement le Baron qui a fait cette découverte cruciale. Incroyable n’est-ce pas ?

Nutella

Je croyais que le tricycle était un objet, pas une bête…

Diabolo

C’est que le Baron étudie des créatures extrêmement rares et méconnues. Il laisse les dragons aux autres, il y en a bien assez qui les cherchent.

Nutella

C’est vraiment passionnant.

Duc de Gaufre

J’ai la sensation que la discussion de ce repas va être très enrichissante, se sera fort agréable. Allons donc nous asseoir plus confortablement.

Tout le monde sort de scène, guidé par le Duc de Gaufre.

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SCÈNE 2.

Nutella, Duc de Gaufre, Baron de Limonade, Diabolo.

 

Les quatre sont à la porte de la demeure du Duc. Le Baron et son valet s’en vont.

Duc de Gaufre

Serrant la main du Baron – Bonsoir Monsieur le Baron, reposez-vous bien.

Nutella

Saluant élégamment – A bientôt j’espère, cher Baron.

Baron de Limonade

C’est cela, c’est cela. Merci pour les petits chocolats.

Le Baron et Diabolo sortent de scène.

Duc de Gaufre

A Nutella – Vois comme il a l’air heureux. Il a un sourire jusqu’aux oreilles. Ah ma fille ! Comme je suis impatient d’organiser vos noces ! Mais d’où t’es venu cette idée de parler de zoologie ?

Nutella

Crypto-zoologie, père. Et je l’étudie Vraiment.

Duc de Gaufre

Tu as parfois des idées bien biscornues. Qu’importe. Cela t’a réussi, voilà tout ce qui compte. Le brave homme, il a pris plaisir à t’enseigner ce qu’il savait. Quelle patience.

Nutella

Oui père, c’est réellement un homme extraordinaire. Il est si beau.

Duc de Gaufre

Et si riche

Nutella

Et si fort…

Duc de Gaufre

Très influant…

Nutella

J’ai tellement hâte qu’il me demande ma main.

Duc de Gaufre

Pour cela il te faudra être parfaite quand il reviendra. Vas donc dormir, que tu sois présentable demain.

Nutella soupire puis rentre dans la maison.

Duc de Gaufre

Seul – Prend ça, Comtesse de Tagada !

Il sort à son tour de scène.

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SCÈNE 3.

Baron de Limonade, Diabolo.

 

Les deux marchent côte à côte en riant, ils essayent de ne pas faire trop de bruit.

Baron de Limonade

Encore une fois, il était temps que cela finisse. J’ai mal aux joues à force de m’empêcher de rire.

Diabolo

Désignant le petit pot de chocolats dans sa main – Et encore une fois, nous avons été gâtés.

Baron de Limonade

Ils en ont fait encore plus que la Comtesse, c’en était indécent.

Diabolo

C’est clair qu’il y avait rivalité entre eux. Je me demande qui a gagné la palme du pire.

Diabolo se met à rire franchement.

Baron de Limonade

Se rembrunissant – Ah Diabolo… Je ne sais qui choisir, aucune des deux ne me plait.

Diabolo

Pourquoi choisir alors ? Oubliez-les.

Baron de Limonade

Je ne peux pas. Que va dire mon père ? Il me questionne sans cesse sur mon mariage.

Diabolo

Bah ! Qu’est-ce qu’il peut bien vous faire ? Vous avez gagné vos propres titres de noblesse. S’il y a une chose sur laquelle je n’ai pas menti lors de ces dîners comiques, c’est sur votre héroïsme et la confiance que le Roi vous accorde pour cela. Même s’il vous déshéritait, votre père, cela n’aurait aucune incidence sur votre vie ou votre influence à la cour. A quoi bon vous faire du mal ? Vivez donc comme il vous plait.

Un temps

Baron de limonade

Tu as moins bu ce soir, à ce que je vois…

Diabolo

C’est que je ne voulais pas rater le Duc en train de vous tripoter.

Ils rient de bon cœur.

Baron de Limonade

Ah Diabolo ! Que ferais-je sans toi ?

Diabolo

Surement que vous vous ennuieriez.

Le Baron fait mine de reprendre la marche.

Diabolo

L’interrompant – Et moi je m’ennuierais de vous. Ah ça oui, je serais le plus malheureux des hommes.

Le Baron s’arrête, puis revient sur ses pas.

Baron de Limonade

Tu à vraiment l’air ému, comme c’est touchant. Que me vaut l’honneur d’une telle fidélité ?

Diabolo

Hésitant – Vous êtes bon avec moi.

Baron de Limonade

J’apprécie ta compagnie, c’est amplement mérité.

Diabolo trépigne sur place, tracassé.

Diabolo

S’emportant – Ah ! Au diable les qu’en dira-t-on ! Je me dois d’être honnête.

Baron de Limonade

Qu’y a-t-il pour que tu te mettes dans tous tes états ?

Diabolo

Regardant fixement le Baron dans les yeux – Je vous aime. Je vous aime d’amour. (Un temps) Et… Et je refuse de vous voir malheureux avec ces femmes affreuses…

Le Baron prend le visage de Diabolo entre ses mains et dépose un baiser sur ses lèvres. Ils s’observent, aussi étonnés l’un que l’autre par la situation. Un temps. Finalement le Baron de Limonade prend la main de son valet.

Baron de Limonade

Fuyons !

Ils sortent de scène, complices.

FIN.

16 réflexions sur “Candy Crush

  1. Waooouh mais c’est trop canon 🙂 Tu as bien bossé la Super-Gaufrette ! Le jeu en valait la chandelle… J’adore le titre, le concept… et quelle chute ! Tous les ingrédients sont là, c’est très créatif et croustillant à point, pile comme j’aime. Bref, je valide 😀

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  2. Alors maintenant, oui je saisis le jeu de mots avec « Candy Crush ! » Bien joué Gaufrette ! 🙂
    Au départ j’étais partie pour croire a une critique sur les apparences et tout ca mais en fait la fin…je ne m’y attendais pas ! J’en connais quatre qui vont être décu ! 😉

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  3. Tu as toujours le chic pour transformer les formes de texte chiantes (j’ai trop souffert en classe de français avec le théâtre de l’absurde…) en quelque chose de rigolo à lire et d’intéressant ! Malgré mon désintérêt flagrant pour le théâtre, cette petite pièce m’a bien fait rire malgré quelques répétitions et la chute est superbe !
    Bravo 😉

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    1. bah les répétitions sont volontaires aussi donc, ça fait partie de l’humour 😉 en tout cas merci, rien ne me fait plus plaisir que de réconcilier quelqu’un avec la lecture d’un genre (ou la lecture tout court dans certains cas)

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  4. Voilà un conte de comte de Limonade qui n’a pas fait Pschiiiiit !! Il y a du « Jacques le magnifique » dans ce récit autant tant maître et valet sont de mèche… Bon, là, pour le coup, la connivence semble devoir aller au-delà de là ! Bravo, Super Gaufrette, tu as mon vote !!!!

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  5. J’entre par la grande porte ici dans cet agenda de juillet que j’ai loupé fort malencontreusement. Non seulement ce texte est magnifiquement écrit mais il a du corps, du mordant, du croquant, de l’humour et de la tenue ! C’est enlevé, c’est tonique, c’est construit et justement, les répétitions en sont un ressort comique évident. Moi qui ne vote jamais, j’aurais craqué pour ce texte original tant dans la forme que dans le contenu. Bravo Super-Gaufrette, vous êtes la super héroïne de ce mois dans ce super morceau de bravoure au goût super pâtissier. Un super dessert comme j’aime.

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