Il suffit de faire un choix.

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Il suffit de faire un choix.

Quand je suis allée voir mes petites cousines ce jour-là, je ne m’attendais pas du tout à ce qui m’est arrivé. Je vais vous raconter comment tout a commencé, je m’en souviens très bien.

C’était en fin d’été, un vrai été comme on en fait plus. Je me suis garée à l’arrière de la maison, sur un parking créé pour les habitants de leur petit quartier de bourgeois. Moi, je n’avais pas ce genre de privilège alors j’en profitais quand j’allais les voir. Je n’ai pas vu la voiture de ma tante, mais il y avait celle de ma sœur. Je n’étais donc pas la seule à être venue en visite. J’ai toqué à la porte de derrière comme on fait toujours dans la famille. C’est notre façon à nous de savoir qui arrive, un vendeur de tapis ou quelqu’un qu’on a envie de voir. Enfin, qu’on a envie de voir, c’est vite dit. Quand j’étais petite je croyais que tout le monde s’aimait dans ma famille, j’ai rapidement déchanté. En grandissant j’ai compris beaucoup de choses et je me suis mis à détester le monde adulte. Je n’ai jamais pu m’y faire. Toute cette hypocrisie, ses critiques dans le dos… Moi, je suis franche, je dis ce que je pense en face quitte à ce que ça m’attire des ennuis. C’est comme ça que je suis devenu la bête noire de la famille. Ce qui m’arriva ce jour-là n’y arrangea rien. Ils se sont tous soudé contre moi, mais au moins ils se sont retrouvés. Cela n’était plus arrivé depuis si longtemps.

C’est ma petite cousine de onze ans, Ambre, qui est venu m’ouvrir la porte, comme toujours. Elle, elle m’adorait. Je dois dire que je suis une cousine et une tante géniale pour les plus jeunes. Je comprends leur univers, je baigne encore dedans. Elle arborait son magnifique sourire de petite fille qui aime encore le rose et les barbies. Moi à son âge j’étais renfermé et je commençais une dépression. J’aurais préféré être comme elle, ça aurait été tellement plus simple. Je l’ai pris dans mes bras, je ne l’avais plus vu depuis des mois. On n’aimait pas me voir débarquer à l’improviste, on n’aimait pas me voir du tout d’ailleurs. Mais je n’en faisais qu’à ma tête, ce n’était pas nouveau. J’ai entendu la voix d’un homme la réprimander, une voix qui n’était ni celle de mon oncle, ni celle de mon beau-frère. Pourtant j’avais déjà entendu cette voix quelque part, mais pas moyen de me souvenir où.

— On n’ouvre pas aux inconnus, combien de fois…

— Mais ce n’est pas un inconnu, c’est ma cousine ! Je t’ai déjà dit qu’il n’y a que la famille qui passe par là.

J’adore cette gamine, elle a un culot hors normes. Essayez donc de lui clouer le bec et vous verrez. En tout cas l’homme ne trouva rien à redire. C’est là que je le vit. Il n’était pas très grand, tout juste ma taille et assez maigre, en particulier au visage mais il avait les bras fort et plein de tache de rousseur. Sa peau pâle allait à merveille avec la couleur de ses cheveux et de ses yeux, un roux typique quoi. Quand j’ai remarqué ses habits noirs, du genre un peu gothique, ça m’a rappelé des souvenirs d’adolescence. J’étais aussi passé par là. J’avais beaucoup changé depuis mais je crois que cette image de moi est resté gravée dans les souvenirs de ma famille. Je suis restée figée, plantée comme une cruche à l’observer. Il était sacrément attirant, j’ai toujours adoré les rouquins. Ils ont un charme, un je ne sais quoi de différent. Cela faisait des années que je teignais mes cheveux de cette couleur, juste pour me démarquer de toutes ces blondes sulfureuses et de toutes ses brunes mystérieuse. Je sais, c’est cliché, mais quand on dit que les roux ont des cailloux dans les poche, c’est pareil. On a tous un genre de personne qu’on n’aime pas.

Lui aussi est resté immobile comme un idiot et il m’a regardé. Je ne sais pas s’il m’a reconnu tout de suite, en tout cas nous étions certains de nous être déjà vu. Je me suis d’abord demandé ce qu’il foutait là, apparemment seul avec les petites. Il y avait une petite cour fermé par des thuyas à l’avant du jardin, j’y ai retrouvé une autres petite cousine et mes deux nièces. Que des filles ! Et elles jouaient avec du maquillage de petite fille. En discutant j’ai compris que mes tantes et ma sœur étaient partit faire des course dans un grand magasin suédois, et que leur maris respectif en avait profité pour faire un tour en moto. Ce mec était donc la nounou. N’importe quelle fille aurait fondu pour un bel homme qui sait s’occuper d’enfant, mais pas moi. J’aime bien jouer et gâter les petites mais je ne veux pas d’enfant. Je serais bien incapable de m’en occuper. Je ne suis pas patiente, et puis j’ai soif d’aventure, de voyage. Des enfants me cloueraient sur place. J’ai encore bavardé, cherchant dans ma mauvaise mémoire où j’avais bien pu le rencontrer. C’est lui qui me l’a rappelé. On était déjà sorti ensemble, il y avait très longtemps de cela, douze longues années, forcément, j’avais oublié. Enfin pas tout à fait, il avait été mon premier grand amour, j’avais eu le coup de foudre, déjà à l’époque. Il n’a pas beaucoup changé finalement, toujours gothique, toujours aussi blanc, toujours les même yeux d’un bleu aussi clair et glacial qu’un ciel d’hiver. Bien sûr, il n’était plus tout à fait le même, maintenant il ne se teintait plus les cheveux en noir et il souriait. Si on m’avait dit à l’époque qu’il deviendrait aussi avenant, j’aurais ri aux éclats. Du moins je n’y aurais jamais cru. J’avais recroisé Marc, ce bon vieux dépressif. Il portait un pull malgré la chaleur, je me suis vite rappelé pourquoi. Il en avait encore les marques.

— Tu continues encore ?

Il a tiré sur ses manches, mais c’était trop tard pour essayer de me le cacher. Il était peut-être seulement devenu un meilleur acteur.

— Non. C’est juste que, ça ne partira plus maintenant. J’en garderais des traces jusqu’à la fin.

Ses scarifications, j’avais toujours détesté ça. Même quand j’étais au plus mal, je ne supportais pas ce genre d’idiotie.

— T’as enfin compris que ça ne servait à rien ?

— Ouais. Je ne faisais que m’enfoncer encore plus dans mes délires.

Mince, je n’aurais jamais envisagé que je l’entendrais un jour dire ça. Je l’avais souvent imaginé se suicider, c’était son style. C’était

— Comment est-ce que tu t’en es sortis ?

— Je suis sorti avec une fille qui n’était pas du tout là-dedans. Mais je l’ai emporté avec moi, quand elle a commencé à se faire du mal pour être comme moi, j’ai pigé à quel point j’avais été stupide. J’ai finalement essayé de la freiner, mais je n’ai pas pu.

— Elle est allé trop loin ?

Je ne sais toujours pas comment j’ai pu oser poser une question pareille, ni comment il a pu m’avouer tout cela sans hésiter. Etait-ce une marque de confiance ? En tout cas, je feignais l’indifférence en posant la question comme une banalité, c’est le meilleur moyen pour que quelqu’un vous raconte tout. Si vous y montrez trop d’intérêt, l’autre peut se braquer et avoir peur de votre jugement. Si vous faites comme si cela ne vous faisait rien, il se confiera. Ça fait toujours du bien de parler de vos problèmes à ceux qui n’en ont que faire et qui ne vous juge pas. Pourquoi croyez-vous que les ivrognes parlent au barman ? Parce qu’il s’en fiche complètement. C’était peut-être ça, j’étais son barman improvisé.

— Assez loin pour ne plus pouvoir revenir en arrière… Quand j’ai appris qu’elle avait… Qu’elle s’était… enfin bref, j’ai de nouveau eu envie de le faire. C’est là que je me suis dit : Stop ! Depuis, j’évite de toucher à des lames.

— C’est pour ça que t’es pas rasé alors, ça te vas bien le bouc.

Réaction logique s’il en est, n’est-ce pas ? Que pouvais-je dire d’autre ? Je ne laissais rien paraître, mais j’étais sous le choc. Je crois qu’il s’en doutait, il n’a plus osé me parler. Quand même ! Une fille s’était tuée par ce qu’il l’avait mal influencé. C’est presque un meurtre. Je me consolais en me disant qu’il ne l’avait pas voulu et qu’il avait essayé d’empêcher ça mais ce n’était pas évident. Je me demande encore comment aurait réagi une personne normale à ses aveux. Partir en courant ? Se mettre devant les enfants et lui ordonner de s’en aller ? Il s’occupait bien d’elles. Je n’étais pas si inquiète. Il avait cette aura fascinante, pourquoi fallait-il toujours que je sois attirée par les pires cas psychologique ?

On a plus vraiment parlé ensuite, j’ai laissé ma petite nièce me mettre son affreux vernis sur les ongles et les doigts qui n’avaient qu’à pas être collé aux ongles. Tant pis pour eux. A un moment, il a disparu dans la maison. Il avait son ordinateur portable posé sur le micro-onde de la cuisine. Il discutait avec un mec qui avait une tête à être louche. Mon vernis séchait pas, quelle galère cette camelote ! Marc avait l’air de se disputer, il ne devait pas être content de voir l’autre. Je ne l’aurais pas été non plus à sa place, ce qu’il pouvait être laid et sale ! Ça se voyait à travers la webcam. Marc avait vraiment peur, il n’essayait même pas de le cacher. Je suis passé dans le champ de la caméra, j’ai vu l’autre me regarder avec ses yeux lubriques. Il a fait le malin après, je pense qu’il a parlé de moi dans des termes que je n’aurais pas apprécié. Marc s’affolait de plus en plus. Il a coupé la conversation au bout de quelques minutes à peine et a juré assez violemment. Des petites oreilles innocentes ont entendu ça, il devait avoir un gros problème. Il a tourné en rond en passant ses mains dans ses cheveux, je me suis posée des questions. Dans quoi s’était-il fourré ?

— Je dois y aller !

— Et si je n’avais pas été là, tu aurais laissé les petites toutes seules ?

Après tout, je n’étais pas censée être venue. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai dit ça, c’est sorti tout seul. Ma sale manie à moi.

— Il vaut mieux qu’elles soient seules qu’avec moi.

— Ça veut dire quoi ça ? Qu’est-ce que tu as faits ?

Une connerie, ça c’était déjà certain. Restait à savoir à quel point il avait merdé. Ses traits était encore plus tirés et il était devenu si pâle qu’on aurait pu voir au travers. Je suis curieuse et puis je ne peux pas m’empêcher de vouloir aider les autres, surtout quand ils ont des gros ennuis. C’est le plus risqué, c’est peut-être pour ça. J’ai le goût du risque, mais je n’en prends jamais. Alors je fais avec ceux des autres. Une sorte de substitut.

— Je n’ai pas le temps de t’expliquer Angela, il faut que je me casse et vite !

— Je viens avec toi !

Pourquoi j’ai dit ça encore ? Allez savoir ! Partir en cavale probablement, une sacrée aventure quoi. Je n’avais jamais voulu vivre une petite vie pénarde, comme tout le monde. Je ne voulais surtout pas ressembler aux autres pour tout dire. Alors là, comme l’occasion s’est présentée, j’ai sauté dessus. S’enfuir avec un mec que je connaissais à peine, moi qui croyais que ça n’arrivait que dans les films. Notre premier idylle n’avait duré qu’un mois à peine, plus de dix ans en arrière, c’est comme si on venait de se voir pour la première fois. Je n’allais pas chipoter.

— Mais t’es complètement folle ?

— Et alors ? Je suis majeure et vaccinée, je fais ce que je veux !

Ce que j’ai pu avoir l’air idiote en disant ça. Je le sais, son regard a changé. Il a presque sourit, mais il était trop inquiet.

— Tu vas laisser les petites toutes seules ? qu’il m’a demandé.

— On les prend avec nous.

— Quoi ? T’es malade ? Je ne vais pas me trimbaler avec elles à l’arrière de la voiture ! Je ne suis pas un kidnappeur d’enfants !

— Je ne sais pas à qui tu essayes d’échapper mais est-ce que tu sais seulement ce qu’ils leur feront si tu les laisse là ?

— J’ai prévenu les flics pour qu’ils viennent les chercher !

— Et s’ils arrivent trop tard ?

— Merde ! Il faut qu’on parte ! Prépare-les et emmène juste du fric, le reste ça sert à rien. Et surtout pas de téléphone !

Alors je l’ai suivi. C’était allé si vite. J’avais pris une décision et je n’étais pas prête de lâcher l’affaire. Je ne savais pas trop ce qui était le plus risqué maintenant, partir avec lui ou risquer de rencontrer ceux qu’il fuyait. S’il n’y avait eu que moi j’aurais peut-être prit une décision différentes, mais on ne le saura jamais. J’avais plus confiance en lui qu’en moi même à cet instant. Qu’aurais-je put faire contre cette personne qu’il redoutait tant ? Marc savait ce qu’il faisait, il n’hésitait pas. Ça ne devait pas être la première fois que ça lui arrivait. Il a débranché son ordinateur, il l’a rangé et il m’a aidé à emmener les filles à sa voiture. Nettement plus classe que la mienne ! Un bel engin, je ne pourrais pas vous en dire plus, je n’y connais rien en voiture. Elle avait dut lui coûter une fortune… Ce n’est pas avec une paye de nounou qu’on peut acheter ça. Je commençais à me faire une petite idée de ce qu’il me cachait. En même temps, ce n’est pas le genre de chose qu’on révèle à une ex qu’on croise par hasard. Même si elle fait semblant de s’en foutre royalement. Je crois que je ne suis jamais sorti aussi rapidement d’une maison que cette fois-là. Les petites n’avaient pas rechigné à se dépêcher, je ne sais toujours pas si elles avaient compris ou si elles avaient juste peur. En tout cas elles nous ont suivies sans mot dire. Ambre m’a même donné un coup de main pour attacher la plus jeune à son siège auto qui était resté dans le garage, moi, je n’étais pas douée. On a démarré en trombe, sans un regard en arrière. On était tous devenu muet sur le coup de l’émotion. Cela faisais longtemps que mon cœur n’avait pas battu aussi vite, c’était que l’adrénaline mais merde, qu’est-ce que ça fait du bien !

C’est ambre qui a brisé le silence au bout de cinq minutes. J’ai sursauté. Le manque d’habitude, Marc n’a pas bronché.

— On va où Angela ? Jade veux sa maman…

— Je ne sais pas ma chérie.

— On ne peut pas les garder, tu connais quelqu’un chez qui je pourrais les déposer ?

Marc n’avait pas tort, on ne pouvait pas s’en occuper convenablement et puis si on enlève des enfants les flics nous chercheront avec plus d’ardeur. Valait mieux les emmener chez ma grand-mère. Et puis ça me laissait encore une chance de changer d’avis. Je l’ai guidé jusqu’à ce petit village de campagne où j’avais grandis, un coin paumé au milieu des vaches. Je retrouvais cette familière odeur de fumier et les cris des cochons dans la porcherie, juste en face. Ma grand-mère est sortie nous dire bonjour quand elle nous a vues. Je n’ai pas eu le courage d’aller la voir. J’ai dit aux filles de rester avec elle et puis j’ai préféré repartir tout de suite. Cette fois je ne pouvais plus reculer. Ambre m’a jeté un regard… je ne sais pas. Il y avait tellement de sentiments dans ses yeux. Elle était triste, compréhensive, et puis satisfaite aussi. Je lui ai souri aussi tendrement que j’ai pu et je suis remonté dans la voiture.

— Tu es sure de toi ? a-t-il questionné encore une fois.

— Démarre !

Non je n’en étais pas sure, mais j’avais décidé et puis c’est tout. J’allais peut-être le regretter, je n’en savais rien et ça m’a un peu foutu la trouille. Mais maintenant je ne risquais plus que ma propre vie. J’ai toujours été persuadée que je vivrais vieille, alors j’étais confiante. Il aurait tout aussi bien pu me dire qu’il ne voulait pas de moi, ou partir en trombe pendant que je saluais mes cousines. C’était plutôt à moi de lui demander s’il était sûr de lui. Mais je n’y ai pas pensé.

Je connaissais des petites routes de campagnes, on est passé par là. A travers champs, il y a moins de monde. On a débouché dans une petite ville, juste à côté de la frontière. Quitté le pays, c’était une idée qui me plaisais. Bon, l’Allemagne, ce n’était pas le top, mais je m’en contentais. Marc était d’accord, on ne serait pas en sûreté mais ça permettrait au moins de retarder nos poursuivants. On n’a pas arrêté de rouler, préférant éviter les autoroutes. Et si jamais on nous reconnaissait au péage ? On ne savait même pas si on était vraiment recherché. On n’avait aucune idée de ce qu’il s’était passé après notre départ. La radio était allumée tout le temps, pour être sûr de ne pas louper les infos. On finirait par parler de nous. C’est arrivé le soir, on captait à peine la radio française. La journaliste a raconté que des policiers avaient été appelés pour porter secours à des petites filles mais que lorsqu’ils étaient arrivés sur place, les enfants avaient disparue et ils n’avaient trouvé qu’une bande de délinquants qui faisaient apparemment partit d’un réseau d’arnaque très influent sur le net. Les trois hommes avaient été mis en état d’arrestation pour être interrogé et les petites ont été retrouvée saine et sauve chez leur grand-mère. Espérant alléger leur peine les trois lascars avaient dénoncé leur camarades dont faisait partit la nounou qui gardait les petites, un homme de la trentaine. Alarmé par cette information la grand-mère a affirmé que l’une de ses petites-filles était encore avec cet homme. Les enfants confirmèrent cette version des faits.

Il n’a rien trouvé de mieux à faire que soupirer. Je ne savais pas ce que c’était que cette fameuse arnaque, mais elle devait valoir très cher. On a perdu le signal de la radio petit à petit, on n’a pas eu plus d’infos. La journaliste n’avait pas pris la peine de dire que j’étais adulte, ni de décrire à quoi on ressemblait. On a rien su de plus. On a juste continué à rouler jusqu’au milieu de la nuit. Là, trop fatigué pour continuer, Marc s’est arrêté sur un chemin de forêt, au bord de la route. J’aurais bien prit le volant mais je n’ai jamais aimé conduire, et puis il ne m’aurait pas laissé sa belle voiture entre les mains. C’est bien les mecs ça ! Ils sont en danger et ils ne pensent qu’à leurs bagnoles. Je n’allais pas me plaindre, ça m’arrangeait. Je n’ai pas compris comment c’est arrivé, mais d’un seul coup je me suis retrouvée à l’embrasser. Les émotions fortes, sans doute. A partir de là, j’ai plus rien contrôlé du tout. J’étais grisée par tout ce qui venait de se passer. J’avais l’impression que ce n’était pas possible. C’était juste un rêve, un rêve comme j’en fais après un bon film. Ce n’était pas réaliste tout ça. Vous vous seriez pincé aussi à ma place. J’avais vraiment fait n’importe quoi, alors un peu plus ou un peu moins. J’ai foncé. J’avais plus touché un mec depuis mes dix-huit ans, une éternité. C’est difficile à croire mais je m’étais promis de finir veille fille. Et en l’espace d’une seconde mes convictions étaient partie en fumée. Me connaissant, ça ne m’étonnais pas. Je savais qu’un jour ça finirait par arriver. C’était ça ou rien, je n’aurais pas changé d’avis petit à petit. Je ne suis pas comme ça. Le juste milieu, ce n’est pas mon truc. La preuve, je lui ai littéralement sauté dessus. J’ai tenté ma chance. Je ne m’attendais pas à ce qu’il en ait aussi envie que moi, c’était pourtant lui qui m’avait largué.

Il a fait très chaud cette nuit-là. La voiture ce n’était pas super confortable, mais la sienne était plutôt grande. Ça aurait pu être pire. On s’en est pas trop mal sortit, pour des débutants. N’avoir presque aucune expérience, à bientôt trente ans, vous vous imaginez ? A ce niveau-là on s’était bien trouvé. Deux asociaux en manque d’amour. Après, il s’est endormis. J’aurais pu me vexer, mais il devait se reposer avant de rouler alors j’ai fait un effort et je l’ai bouclée. Il est partit à l’aube quand je roupillais, encore à moitié déshabillée. Je crois que c’est ça qui l’a mis de si bonne humeur.

J’ai essayé de discuter un peu, d’en savoir plus, mais il n’était pas bien bavard. Il a tout de suite changé d’attitude quand j’ai changé de sujet. J’ai parlé du passé, du mien puisqu’il ne voulait pas dire un mot du sien. Il a posé plein de questions, c’est dingue, ma vie était tellement banale. Il voulait juste savoir si j’avais été heureuse. Pas tout à fait, mais en même temps ce n’était pas si catastrophique. Quelqu’un de normal se serait contenté de ce que j’avais, je ne manquais de rien. Mais je ne suis pas n’importe qui. Ce n’est pas forcément mieux, c’est juste différent. Je ne me sens pas supérieur parce que je ne suis pas un simple mouton, au contraire, ça me pourrit la vie d’être anormale. J’ai appris à faire avec. Marc n’a pas eu plus de chance que moi. On se comprenait un peu. On s’est arrêté en plein centre de l’Allemagne pour acheter des vêtements avec du liquide. Il avait un sacré paquet de fric. On aurait pu vivre toute une vie sans travailler avec ça. Bon, dans sa voiture, mais quand même. On avait le sourire aux lèvres, s’était tout ce qui importait. Qui n’a jamais envié les hippies  et leur liberté ? Je nous voyais mal dans un combi à fleur mais ça aurait été drôle.

On avançait vers le sud-est de l’Europe. Il voulait aller en Roumanie, en Valachie pour être exacte, histoire de rendre visite à ce bon vieux Vlad l’Empaleur. Je trouvais ça cool. Sur le chemin, on a fait l’amour autant qu’on a pu. J’ai vu toutes ses cicatrices, ces traces qu’il gardait des scarifications. Il en avait partout sur les bras et dans le dos, quelques-unes sur les jambes. La première fois j’avais tellement la tête ailleurs que j’ai rien remarqué. Plus il m’en donnait, plus j’en redemandais, je n’arrivais pas à être rassasiée. C’était pourtant pas sa faute, il était pas si mauvais, mais faut me comprendre. Sept ans d’abstinence, ça ne se rattrape pas du jour au lendemain. J’ai été assez égoïste, je n’ai pensé qu’à moi. J’ai voulu en profiter au maximum, j’avais trop peur que tout s’arrête. Il ne s’en est pas plaint, il en a profité aussi. On a fini par arriver tranquillement en Roumanie, personne n’avait l’air de nous remarquer. Normal, qui de mieux que des gothiques pour venir voir Vlad ? Ils avaient l’habitude. On a visité le château de l’empaleur et puis on est repartit.

— Tu veux aller où maintenant ?

Je crois que c’est là que je suis devenue accro. Cette simple question avait fini d’achever ma raison. Et j’ai encore foncé la tête baissée. J’ai dû réfléchir un peu, parce que je n’avais aucune idée et puis j’ai proposé le Nord. La Finlande, la Suède, la Norvège. L’un, l’autre ou les trois. Je l’ai laissé choisir. Il a préféré la Finlande, c’était le plus proche et le pays d’origine de beaucoup de ses groupes de métal favoris. J’ai rien dis mais moi aussi c’est pour ça que je voulais y aller. J’écoutais pratiquement plus de métal depuis des années, mais j’avais des tendances nostalgiques depuis peu… Marc à reprit le volant, musique à fond dans les oreilles pour se mettre dans l’ambiance. C’est fou comme la vie peut changer en quelques secondes, il suffit de faire un choix.

J’ai fini par obtenir plus d’informations sur lui. J’ai su dans quoi il avait trempé de façon plus exacte. Il n’était pas le cerveau de l’opération, ça me rassurais un peu. S’il ne me mentait pas, il s’était bien fais avoir. Il était allée dans un groupe d’entraide pour les gens comme lui, ceux qui voit tout en noir et qui essaye de s’en sortir. Sauf qu’il est mal tombé. Le mec qui s’occupait de ça enrôlait les plus désespérants du groupe dans des combines pas claires. Au début on se doute de rien, ça n’a pas l’air bien méchant. Et puis quand on s’en rend compte on y est jusqu’au cou et on a plus d’autres choix que de le suivre. Marc devait s’occuper du site, quelques mises en forme d’abord, puis des manipulations de plus en plus complexes, de plus en plus louche. Il avait contribué à l’arnaque malgré lui. Une fois qu’il était dans le coup, il l’a forcé à continuer sinon il finirait en taule. Marc m’avait même raconté comment il avait arnaqué son propre groupe avec un autre site et comment il avait récupéré du fric avant de leur échapper. Durant un temps du moins. Enfin ça, c’était seulement s’il me disait la vérité. Je ne l’ai pas vraiment cru, pas tout à fait. Je n’étais jamais sûr de pouvoir lui faire entièrement confiance. Il essayait surement de se valoriser, ce n’était pas compliquer de comprendre que c’était son côté bad boy qui me plaisais. Il n’y a rien de plus facile que de s’inventer une vie et de jouer la comédie. J’en savais quelque chose, à chaque fois que je rencontrais quelqu’un je ne lui racontais que des aventures imaginaires. La vraie vie est tellement banale et ennuyeuse, je ne pouvais pas leur dire ça. Après, je passe pour une rabat-joie. N’empêche, je n’ai pas insisté. Je me suis dit que si moi je lui avais dit la vérité, lui aussi avait une chance de l’avoir fait. Quand j’en ai eu fini de réfléchir inutilement, je l’ai obligé à arrêter la voiture. Il faisait nuit et on s’était un peu perdu dans la cambrousse. On a passé la nuit collé l’un à l’autre. Si son plan était de me faire craquer, il a superbement fonctionné. Sauf qu’il n’avait pas besoin de ça et il le savait. C’était peut-être vrai alors. J’ai pensé à ça et puis j’ai redoublé d’énergie. On n’avait rien d’autre à faire que de voyager et de se faire plaisir. Aucune obligation. Rien. Juste lui, moi, la voiture et des rêves. Quoi de mieux pour activer la libido que la liberté ? C’est encore plus puissant si elle est provisoire et c’est idéal pour activer le mélange chimique qui mène au désir.

Le voyage a été long, on a eu le temps d’apprendre à se connaître. Il était temps. Jusque-là on avait été trop occupé pour y penser. Il m’a dit ce qu’il aimait et j’ai fait pareil. On a parlé sport pendant des heures. Pas du football, non, et aucun sport d’équipe. Les asociaux n’aime pas les sports d’équipes. J’avais fait cinq ans de jiu-jitsu, lui n’avait fait qu’essayer le judo et avait laissé tomber. Je me suis moqué de lui en disant qu’il n’aurait même pas put me forcer à le suivre et que j’étais plus forte que lui. Il a ri jaune mais ne m’en a pas voulu. Ce que je n’avais pas précisé, c’est qu’il avait une arme terrible contre moi, son charme. On a mis longtemps à atteindre la Finlande mais on avait voyagé pénard. C’était magnifique. Il avait loué un chalet pas cher pour le week-end, on est resté coincé sous la neige toute la semaine à cause d’une tempête. C’était un chalet typique, il y avait un sauna et on a même eut droit à la fausse peau d’ours devant le feu de cheminée. Le stock de nourriture étant suffisant pour tenir deux semaines, on ne s’était pas inquiété plus que ça. J’étais déjà accro mais je crois que ce n’est que là-bas que je suis vraiment tombée amoureuse. Faut dire qu’il y a mis tout son cœur. Il m’apportait le petit déjeuner au lit tous les matins. Et on ose encore dire que les criminels sont des brutes. C’est un mensonge éhonté qui vise à empêcher les filles de partir avec eux, pour qu’ils ne se multiplient pas. Comme quoi, ça ne marche pas à tous les coups. Quoi que je n’avais toujours pas l’intention d’avoir des enfants. La peau d’ours made in china s’est avérée être confortable à souhait. On a passé pas mal de soirée couché dessus, en regardant le feu crépiter quand on en pouvait plus. J’ai de très bons souvenirs de la Finlande.

— Angela ?

— Hum…

— Pourquoi est-ce que tu es là ?

Il me posait tout le temps cette question mais je n’avais pas envie de répondre. Je n’allais quand même pas lui dire que ce n’était qu’une lubie ! Comme je faisais très bien semblant de ne pas l’avoir entendu, il laissait tomber et réessayait plus tard. Il devait croire que je finirais par en avoir marre.

Dans le sauna il faisait une chaleur si étouffante que c’était inhumain d’essayer de bouger. Du coup on n’y a pas été très souvent. Fallait qu’on s’active un peu pour ne pas s’encrouter. On n’a pas vraiment innové mais c’était mieux que rien. Quand on nous a sorti de là on était presque déçu, mais les finlandais ne nous ont pas embêtés. Ce n’était pas notre faute si on avait squatté plus longtemps que prévu alors pour se faire pardonné ils nous ont offert le séjour. On peut dire qu’on a eu du bol. Toutes les économies étaient bonnes à prendre. Du coup, on était partit pour un joli petit tour d’Europe. Pas très organisé, mais on a vu du beau monde. C’est sûr, ce n’est pas donné mais bon, il suffit de monter une petite arnaque sur internet et puis voilà. Au pire, vendez votre maison, ça ne sert à rien. Une voiture suffit. Enfin moi je dis ça, je ne dis rien mais la vie de bohème c’est quand même autre chose.

Au bout d’un moment on a complètement oublié d’où on venait et pourquoi on voyageait. A force de raconter des bobards aux gens pour ne pas se faire pincer, on s’est un peu emmêlé les pinceaux. J’avais tellement joué la comédie que je ne savais plus dans quel état d’esprit j’étais. C’était quand même mon ex ! J’avais enfreins les règles, les miennes bien sûr, sinon ça m’aurais pas dérangé. Ne jamais ressortir avec un ex ! Mais si c’était y’a plus de dix ans, ça compte ou pas ? J’ai fini par décider que c’était différent. Je ne voulais pas me retrouver toute seule comme une idiote, comme avant et reprendre mon petit train-train ennuyeux. De là j’ai pensé au fric. Si j’avais du fric, est-ce que j’aurais encore besoin de lui ? Je pourrais m’éclater seule aussi, pourquoi pas ? Bon seule, on s’amuse moins parce qu’on ne peut pas partager, mais tout est deux fois moins cher aussi. Et si je le suis parce qu’il peut tout payer, je dois le lui dire ? L’éthique voudrait que oui, mais ça j’en ai rien à faire. C’est votre problème, pas le mien. J’ai retourné tout ça dans ma tête plusieurs fois. Finalement j’ai rien changé. Si j’étais bien comme ça, pourquoi me casser la tête ? Quand je me lasserais, j’y repenserais. En attendant mes plus grosses réflexions consistaient à choisir la prochaine destination. C’était toujours moi qui décidais, Marc n’avait droit qu’à un veto au cas où ça ne lui disait vraiment rien. Il ne s’en est pas servi, on était sur la même longueur d’onde. C’est assez rare d’être toujours d’accord, surtout avec moi.

Et puis on est allé au Hellfest en juin. C’était la première fois qu’on retournait en France, mais ça nous démangeait. C’est un festival de musique métal. Marc était le plus content de nous deux, il était dans son élément. Moi j’ai surtout été nostalgique encore une fois. Et jalouse aussi. Je suis jalouse maladive et hyper possessive. C’est insupportable. J’ai bien cru que ça allait tout faire merder, mais ça n’a duré que trois jours. Après on s’est éloigné de toutes ses gothiques… J’étais bien contente parce que je n’aimais pas trop qu’elle lui tourne autour. Elles étaient plus comme lui, je me suis dit que ça pouvait lui plaire de revenir aux origines.

— Tu te fais des films ! qu’il m’a dit.

Il n’avait pas tort, mais je ne voulais pas l’admettre. Ce que je peux être casse pied parfois.

— Regarde-moi…

Hors de question ! C’était la meilleure façon de me faire craquer, ses yeux. J’étais une tête de mule, depuis le temps qu’il me supportait il aurait dû le savoir. Je ne change pas. Je ne sais pas faire ça. Comme beaucoup d’autres choses. Combien de fois je l’ai fait enrager…

— Laisse tomber ! Tu te débrouille, moi je vais profiter de la musique.

Et il me laissait plantée là, au milieu d’une bande de hérissons qui me regardaient de travers. J’étais ridicule. S’il décidait de partir sans moi, j’étais mal. Je n’avais pas un sous. N’importe qui se serait calmé à cette simple idée. Suffit de jouer le jeu. Mais… Oui vous savez, je ne suis pas comme tout le monde. Vous feriez quoi vous ? Vous appelleriez votre mère ? Pour lui dire quoi ? « Coucou maman, c’est ta fille, oui celle qui a été enlevé par un dangereux criminel… Tu viens me chercher ? » Ce n’est pas la classe. Je n’ai pas eu besoin d’en arriver là, ce n’est pas plus mal. C’est bête mais ce qui nous a rapprochés, c’est un mec ivre. Le genre pas cool. La plupart n’était pas là pour chercher la merde, mais y’a toujours une exception qui confirme la règle. Il a voulu me faire du rentre dedans. Il n’était même pas roux ! Ni brun, ni blond d’ailleurs, il était chauve. S’il y a bien un truc que je n’aime pas, c’est les chauves. Pas un poil sur le caillou. Une belle tête d’ampoule mais il n’était pas brillant. Je sais, le jeu de mot est tiré par les cheveux…

Enfin voilà, il m’a dragué, Marc à pas aimé. Je n’étais plus la seule à piquer ma crise. Au départ, j’avais prévu de lui faire remarquer, histoire d’en rajouter une couche. Le problème c’est que le type est devenu agressif. Comme il n’était pas chétif, j’ai laissé tomber ma remarque cinglante et je l’ai foutu par terre. J’avais un peu perdu mes réflexes de jiu-jitsu mais ce qu’il me restait était suffisant si on y ajoutait le superbe équilibre de mon adversaire. Il a vomi sur mes pompes. Je n’en avais pas d’autres, je suis reparti pieds nus. Marc avait un peu la honte de s’être fait défendre pas une nana, mais il était bien content d’être encore en un morceau. Ça nous a énormément rapprochés. Surtout la première nuit. C’était repartit pour un tour.

Comme on était de nouveau en France, on s’est un peu renseigner. Personne ne parlait plus de ce qu’il s’était passé. Déjà six mois qu’on voyageait, qu’on ne se quittait plus. J’ai failli être émue. Mais non, rien à faire. J’avais le cœur dur comme la pierre. C’est ça quand on fait tout pour n’avoir aucune attache, on s’insensibilise. Mon cas n’était peut-être pas encore totalement désespéré, j’avais fini par m’accrocher à quelqu’un.  Et je suis du genre sangsue. Indécollable. Pire qu’une tique ! Je vous suce le sang jusqu’à la dernière goute et quand je m’en vais, lassée, il ne reste plus rien. Une loque. Enfin d’habitude. Je ne savais pas pourquoi, mais ce n’était pas pareil. Marc devait gérer mes crises par je ne sais quelle magie. Je n’étais plus féroce, je m’adoucissais. J’étais moins cynique, plus patiente… Et j’avais rien remarqué ! Quand est-ce que ça m’étais arrivé ?

— Marc, pourquoi tu m’as laissé venir avec toi ?

Il était temps que je la pose, cette question, non ?

— C’est toi qui l’as voulu…

— Je ne me plains pas, c’est juste de la curiosité.

Il a soupiré.

— Je ne sais pas Angela. Je n’ai pas pensé que je pouvais dire non.

— Ce n’est pas comme si je t’avais mis un couteau sous la gorge non plus, tu devais bien avoir une meilleure raison.

Il m’a regardé de haut en bas avec un sourire en coin.

— Quoi ? Juste le physique ?

Je me suis sentit mieux, je n’étais pas la plus vilaine des deux. Il a haussé les épaules.

— Et alors ? Toi c’est bien pour le fric.

Démasquée. Pourquoi nier ?

— Mais non ! Y’avais l’aventure aussi…

Y’a eu un long silence. On commençait à reconsidérer notre cas. Est-ce que c’était bien sérieux ? Certainement pas. Cela devait seulement nous convenir à tous les deux. Tout m’a paru beaucoup moins romantique d’un coup, même si je ne voyais pas pourquoi cela aurait dû l’être. Je regrettais déjà d’avoir laissé mon cœur s’emballer dans le chalet, comme à chaque fois. Nos discutions tournaient en rond, on n’avait rien à se dire, c’était pourtant évident ! J’ai senti comme un vide. Marc s’est arrêter sur le bord de la route, de toute façon il ne savait pas où il allait. Il a longtemps soupiré et chercher ses mots. J’ai bien cru que ça n’en finirait jamais mais il a fini par parler.

— Qu’est-ce que tu veux de plus ?

Cette fois c’est moi qui ai haussé les épaules. J’en n’avais pas la moindre idée. Il y avait quelque chose qui manquait mais je n’ai pas su dire quoi. C’était juste une sensation froide, comme un lit vide qui aurait dû être occupé. C’était assez angoissant. Il a attendu longtemps ma réponse mais je n’en avais pas. Rien. Il y avait bien des mots qui voulaient sortir mais ils me sont restés au fond de la gorge. Je ne parvenais pas à savoir ce qu’ils voulaient dire. J’étais incapable de m’exprimer. Je lui ai lancé un regard interminable. J’ai vu les moindres détails de son visage et je n’ai pas réussi à m’en décrocher. On s’est tous les deux perdu dans nos pensées. On a fini par dormir sur place sans en savoir plus. C’était comme si on ne pouvait plus avancer. Qu’est-ce que je voulais ?

— Et toi, qu’est-ce que tu veux ?

Il n’en savait pas plus que moi. J’ai posé la question en pleine nuit, puisqu’on n’a pas fermé l’œil. On était trop perturbé. Pourquoi on était là, à quoi ça rimait, qu’est-ce qu’on essayait de faire ? Jusque-là, on avait seulement improvisé. Depuis six mois, on n’utilisait que très peu notre cervelle. Nos neurones devaient être engourdit. On était quoi ? C’était ça la question. Un couple ? Des amis ? Des compagnons de route ? Ou juste deux cinglés dans la nature ? Difficile de savoir. Je crois qu’on a changé d’avis plus d’une fois en cour de réflexion. Si on n’était que des compagnons de routes ou des amis, il n’y avait aucune raison que je sois jalouse. C’était plus fort que moi. Je voulais plus que ça. Mais quoi ? Une relation sérieuse ? Je ne pouvais pas admettre ça. Mais j’étais tombée amoureuse. Je n’en avais pas envie, c’était trop difficile. Essayez donc de raisonner votre cœur et il deviendra de plus en plus têtu. Il n’aime pas être contredit parce qu’il a toujours raison. C’est lui le chef, le cerveau n’a pas son mot à dire. Alors il finit toujours par se ranger de son avis. Ce n’est pas la peine de lutter, on ne fait que se faire du mal. C’est tentant, je sais. Mais la nature humaine est faite ainsi. J’étais retombée amoureuse de mon ex, que je le veuille ou non, et il était temps que je l’assume.

— Je veux… toi. Je crois.

C’était à l’aube. J’avais cogité toute la nuit en regardant les étoiles. Ce n’était pas terrible. Impossible de faire mieux pourtant, tout mon être se rebellait contre ce que je venais de dire. Enfin, j’avais lâché le morceau, y’avait plus qu’à attendre la réaction. Il lui a fallu du temps pour assimiler. Il est sorti prendre l’air et j’ai attendu. J’ai poireauté toute la journée. Je sentais le soleil se rafraîchir à travers les vitres. La lumière à déclinée et j’ai sursauté. Marc venait d’ouvrir ma portière. Il m’a dit de venir, je n’ai pas cherché à comprendre. Il m’a fait marcher jusqu’en haut d’une colline dégagée et s’est assis pour regarder le soleil descendre à l’horizon. On ne peut pas vraiment dire que c’était romantique, il attendait juste qu’il fasse nuit en m’ignorant. Quand on a commencé à voir la voie lactée il s’est couché vers le ciel et m’a dit que c’était la nuit des étoiles. Je ne rate jamais les étoiles filantes, j’aime faire des vœux. C’est moi qui ai repéré la première, lui ne regardait pas du bon côté. Je me suis concentré sur ce que je voulais, comme mes parents me l’avaient appris quand j’étais encore une gentille petite fille. Mon vœu ne s’est pas réalisé. J’ai retenté ma chance à toutes les suivantes mais ça n’a pas marché non plus. J’ai essayé d’être moins exigeante, plus vague, mais rien. Il y en a eu une énorme qui a traversé tout le ciel. J’ai entendu Marc chuchoter mais je n’ai pas saisis ses mots. J’aurais bien voulu savoir ce qu’il voulait mais je ne pouvais pas poser la question. S’il me racontait son vœu, il ne se réaliserait pas. Autant me taire. Il ne faisait pas bien chaud sur l’herbe. J’étais frigorifiée. J’ai essayé de ne pas frissonner mais même en me répétant qu’il faisait chaud, je ne me suis pas convaincue. Je tremblais comme une feuille. C’était un peu de ma faute, je ne m’étais pas habillée pour l’occasion, mais s’il m’avait expliqué qu’on allait passer la nuit dehors, j’aurais enfilé quelque chose.

— Tu n’as qu’à retourner dans la voiture si tu as froid.

Il m’a balancé ça, comme si de rien n’était. Il savait et il ne m’aurait pas prêté sa veste. Vive la galanterie.

— J’y vois rien.

Je n’allais tout de même pas m’abaisser à râler. Il s’enfichait, moi aussi, point.

— Et puis l’obscurité, ça me fiche la trouille.

Un aveu dont je me serais passé si j’avais pensé à tourner sept fois ma langue avant de causer. Il m’a regardé de travers. Moi, la ceinture verte de jiu-jitsu, j’avais peur du noir ? Il avait dû penser à la même chose, il s’est foutu de moi. Il a d’abord cru que je n’étais pas sérieuse, mais ça ne s’invente pas. J’étais morte de peur. Le moindre bruit m’inquiétait et je balayais les alentours des yeux. J’osais à peine les fermer. C’était pour ça qu’aucune étoile filante ne m’échappait, j’avais les yeux grand ouvert et à l’affût du plus petit mouvement. C’était viscéral. Petite, je n’avais peur de rien et puis d’un coup, vers quinze ans, je me suis transformée en mauviette pas possible. Je me suis mise à avoir peur du noir et à avoir le vertige. Tout ça à cause d’un stupide film d’horreur dont je ne me suis jamais remise. Je n’étais pas comme ça quand on s’était connu. Normal que ça l’étonnait. Ce n’était pas une raison pour se moquer de moi aussi ouvertement mais j’avais autre chose en tête que de le lui rétorquer. Il a ri un certain temps et puis il a dû admettre que je ne mentais pas.

— Tu ne crains rien.

Essayait-il de me rassurer ou énonçait-il ce qu’il pensait être une évidence ? C’est là qu’on a entendu un bruit de brindilles sèches qui craquent. Je me suis accroché à sa veste et j’ai scruté la noirceur d’où provenait le son. Sur le coup il a été classe, il m’a pris dans ses bras et n’a pas fait de commentaires désobligeants. Il n’était pas tout à fait rassuré non plus. Il ne voulait pas qu’on le retrouve et qu’il finisse sa vie derrière les barreaux ou avec une balle entre les deux yeux selon qui mettait la main sur lui. Je ne sais pas qui a eu le plus peur, nous ou le lièvre qui a pris la fuite dès qu’il nous a aperçus. On s’est sentit bête… Ce n’était pas un tueur en série. Plus sérieusement, ça aurait pu être un renard enragé ou un sanglier énervé, mais non, juste un lièvre qui a du faire une crise cardiaque. On est resté figé par la stupeur. Je n’avais pas envie de bouger, pour une fois que j’avais chaud, je préférais restée collée à son corps. J’étais bien. Je l’ai regardé dans les yeux, je voulais qu’il comprenne. Il a nié l’évidence. J’étais vraiment une imbécile. Je n’avais pas décidé de finir vieille fille pour rien, je le savais. Je connaissais par cœur ce qui m’attendait si je recommençais à y croire. Je m’étais trahis toute seule. Mes convictions sont revenues en bloc et j’ai enragé en silence. J’en avais marre qu’on me fasse toujours subir la même chose ! Dans ma colère, j’ai vidée mon sac.

— Je veux découvrir le monde, visiter des pays, apprendre de nouvelles cultures… Mais sans toi, sans ton fric, je ne peux rien faire. Comme ça tu sais…

— C’était si compliqué à dire ?

Il n’attendait que ça, que je laisse tomber à sa place. C’était dégueulasse. J’ai fait non de la tête et j’ai chialé en silence en espérant qu’il ne voit rien. Je devais être plus forte que lui, le prendre à son propre jeu. Je n’étais pas un jouet !

— Et pour le sexe, qu’est-ce qu’on fait ?

Il fallait qu’il en rajoute, je m’y attendais. Ça ne pouvait pas être si simple.

— Pourquoi nous en priver ? Ça ne nous fait pas de mal.

J’avais réussi à calmé les tremblements dans ma voix et j’avais répondu du tac au tac. J’avais envie d’en faire ma marionnette. J’avais envie de le cogner aussi, c’est toujours comme ça quand je m’énerve.

— Comme tu veux.

C’était toujours la même rengaine, c’était moi qui décidais. Enfin c’était ce qu’il me laissait croire. J’étais dégoûtée. Et puis on a fait l’amour jusqu’à l’épuisement, pour occuper le reste de la nuit. Elle porte conseil, parait-il. Le matin on était repartit du bon pied. On n’avait toujours aucun engagement et au final, ça nous plaisait comme ça. C’est mieux de ne devoir rien à personne. On était juste deux cinglés en liberté, des compagnons de route et peut-être des amis, ça n’avait aucune importance. J’ai eu du mal à digérer mais j’ai fait avec, je n’avais pas le choix. Il m’a encore demandé ou je voulais aller, je me suis lancée… L’Amérique ! Y’avais plus qu’à trouver un aéroport. Marc refusait de prendre le bateau, tant pis pour mon vertige !

On a pris l’avion en France, le ventre noué. Personne n’a tiqué en voyant nos passeports, on était étonné mais on n’allait pas s’en plaindre. J’ai été terrorisée par le décollage, les turbulences et l’atterrissage, comme tous ceux qui ont peur de l’avion. Je n’ai pas dormis du voyage qui a été assez long. Quand on a atterrit, j’avais les jambes qui tremblaient tellement que j’ai eu du mal à tenir debout. Comme on n’avait plus de voiture on a continué en bus. J’ai fini par apprendre l’anglais sur le tas, moi qui avais toujours été nulle en langue. Marc était plus fort que moi pour ça, ce qu’il pouvait m’agacer quand il faisait le malin. Il avait toujours plaisanté comme ça, mais je m’en étais lassé. Ce n’était plus pareil. Bien sûr, nous en avons eu d’autre des disputes, par exemple : en plein Texas. Et puis il trouvait toujours le moyen de me faire culpabiliser et on recommençait comme si de rien n’était. Enfin presque… J’avais perdu des couleurs et j’avais maigrit un peu. Rien d’affolant, mais j’avais un peu perdu mon appétit monstrueux. Je mangeais comme tout le monde, mais avec le sport que je faisais, mon corps avait besoin d’un peu plus. On a mis longtemps à faire le tour des Etats-Unis, je ne sais pas combien, j’avais perdu le compte des jours. Il y a tant de chose à découvrir dont on ne se doute même pas. J’ai réalisé un rêve de gosse, j’ai vu un vrai show de catch. Là-bas c’est très connu, chez nous, c’est tout juste si les gens savent de quoi on leur parle. Il y avait une de ses foules, pleins de gamins avec leurs parents. Et une ambiance de folie, Marc s’est laissé emporter par l’enthousiasme alors qu’il ne connaissait aucune des stars du ring. Il s’arrangeait juste pour être de l’avis opposé au mien. Quand tout le monde est d’accord dans le public, c’est tout de suite moins amusant. Après ça je me suis sentie légère, j’ai dévoré trois assiettes au dinner.

Quand on a fini la visite, il m’a demandé encore une fois ou je voulais aller. Je n’avais plus envie de partir. Je lui ai dit que je resterais là et que s’il voulait, il pouvait continuer sans moi. C’était idiot, je n’avais pas un rond. Il a refusé de me laisser. Ça devait l’emmerder d’être tout seul. Je ne comprenais plus très bien ce qu’il attendait de moi. Je lui ai donné tout ce que j’ai pu. Ce n’est pas facile de vivre en Amérique, ils sont compliqué et méfiants. On a eu de la chance d’être français, ça nous a permis de rester. Je vous épargnerais toute la partie papier à signer et tout le reste, ce n’est pas intéressant et puis je n’ai pas tout compris. Pour ça aussi Marc est plus fort que moi. Je suis comme une gosse, il ne faut rien me demander. Il a loué une chambre dans un motel et on a vécu là un petit moment. On s’ennuyait. S’installer, ça n’avait pas été ma meilleures idée. Une fois qu’on s’était arrêté, on a plus réussi à décoller. On s’est encrouté et on ne voulait plus voyager. C’était complètement idiot. En plus de ça, on ne se supportait plus. Tout c’était passé très vite, en quelques mois on était sur le point d’éclater. Il me reprochait de trop regarder la télévision, moi, je lui reprochais ce que je pouvais. On a continué à vivre comme ça, sans se parler. Marc a finalement trouvé un travail, parce que notre cagnotte disparaissait a vu d’œil. On se voyait beaucoup moins, ça nous a fait du bien. Un peu d’air, c’était ce qui nous manquait. Avec son boulot, il se sentait supérieur, alors j’ai trouvé un petit quelque chose aussi et je suis allée dans une école de catch, juste pour le plaisir. Ça n’a pas donné grand-chose mais je me suis amusée. Je revenais détendue et je ne cherchais pas des noises. Du coup, on a loué quelque chose de plus grand, mais pas trop. Un tout petit appartement, mais c’était déjà bien.

Mon mal de ventre ne s’arrangeait pas vraiment, je me gavais de cachets. Je ne mincissais pas plus, mais je n’avais pas non plus repris ce que j’avais perdu. Tant que c’était stable, c’était bon. Je m’adaptais tant bien que mal au fait que l’on était… ce que l’on était. Et puis un jour, sans prévenir, je suis tombée. En plein milieu d’une dispute, une de celle d’où je ressortais toujours fautive, j’ai fait un malaise. Je ne sais pas comment Marc à réagit, il n’a jamais voulu me le dire. Je me suis réveillé à l’hôpital dans un sale état. Apparemment je n’étais pas loin de l’ulcère. D’après les médecins je devais arrêter de prendre des médicaments plein d’aspirine et éviter tout stress. Je ne savais pas que je m’angoissais tant. Il est venu me voir.

—Angela, ça va ?

Non. Mais il parait que ça ne se dit pas.

— Ouais. J’ai failli crever mais ça va.

C’était cynique, mais il le méritait. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai estimé que c’était forcément de sa faute cette fois. Il ne m’a pas remballé. Il a accusé le coup et s’est désigné comme coupable. J’ai cru que j’allais mourir de rire ! Je m’entends encore ricaner comme une demeurée. Il me regardait d’une façon bizarre. Non pas parce que j’avais l’air cinglé, c’était autre chose qui le tracassait.

— Je ne veux pas que tu partes.

Ça m’a paru sincère, mais je ne voyais pas où il voulait en venir, du moins je m’en suis persuadée. Je ne voulais pas me faire encore de faux espoirs.

— Je suis toujours là…

Pour le moment du moins. Je me suis senti comme dans un film d’amour ridicule. Je déteste ça. Dans la réalité, ça ne fait pas la même impression.

— J’ai besoin de toi, a-t-il soupiré.

Là, on était en plein dans la scène classique de la demande en mariage. Je n’avais jamais aimé ce truc, le mariage. Cela ne sert à rien. Et puis je n’aime pas les robes.

— Ne tourne pas autour du pot Marc !

Il fallait que je sois fixée, que me voulait-il ? Je devais éviter ce genre de moment pour ma santé. Mais j’ai encore dus le relancer.

— Tu le fais exprès ?

Il n’osait pas, c’était la meilleure. J’ai fermé les yeux, prit une grande respiration, mais je ne me suis pas calmée.

— Evidemment que oui ! Tu veux me tuer ? Dépêches-toi de vider ton sac !

— Je n’y arrive pas.

— Tu cherches vraiment à m’achever ? C’est ta façon de te débarrasser de moi ? Je te pèse peut-être ?

J’aurais continué à le critiquer s’il ne m’avait pas fait taire.

— Tu ne comprends rien !

— Non, effectivement. Alors sois plus clair.

Je lui tirais les vers du nez, il résistait. Rien n’avait changé. J’étais sur le point de laisser tomber, mon estomac ne pouvait supporter une minute de plus dans ses conditions. Il a choisi ce moment pour se décider.

— J’ai eu peur. J’ai imaginé ma vie si je me retrouvais seul. Je ne veux pas de ça. Je veux qu’on reste ensemble.

— Je suis toujours en vie, on continuera donc de vivre ensemble. Pourquoi tu t’inquiètes ? Je n’ai pas les moyens de me débrouiller sans toi.

— Tu le voudrais ?

— J’en sais rien.

Et c’était vrai. Je ne savais plus si je voulais encore le supporter. Si je pouvais encore. J’étais trop sensible. Moi ? Impossible de le nier, même si ça m’emmerdais.

— On a été beaucoup de chose toi et moi, Angela. Il est temps que ça évolue et qu’on arrête d’être des gosses.

— C’est super romantique dis donc ! Tu ne peux pas être un peu plus précis ?

Il m’a regardé avec les gros yeux. Il faisait tout pour se faire comprendre à demi-mot. Il ne s’en tirerait pas à si bon compte, pas après tout ce qu’il m’avait fait subir.

— S’il te plaît…

Je n’ai eu aucune pitié.

— T’as gagné… Il est possible que… Peut-être. Je suis… ça me parais tellement bizarre. Je… Je t’aime. Je crois.

J’aimais bien le petit détail de la fin, c’était folklorique.

— Ça t’a arraché la gorge, n’est-ce pas ?

Retenez bien ça les filles : les mecs, ça ne sert à rien. Le seul souci, c’est qu’on en veut quand même. L’amour, c’est comme la drogue. Quand on en prend, on ne peut plus s’en passer. Quand on en a plus, on est en manque. Et puis après, c’est la cure de désintoxication, si on s’abstient suffisamment longtemps on s’habitue et on fait sans. Il faut juste ne pas replonger. Moi, je l’ai fait. Je lui ai sauté au cou. A partir de là, l’idylle. Je me suis remise, et on à vécu heureux quoi.  Je sais, c’est moins bien comme ça. Je vous rassure, on n’a pas eu d’enfant. Si j’ai raconté tout ça, c’est parce que Marc est mort quelques mois plus tard. Rien à voir avec la police ou son ancien patron. Ce qu’on ne savait pas, c’est que le mec en question avait été arrêté, que son arnaque avait été entièrement démantelée et qu’il avait tout avoué. Tout le monde savait donc que Marc n’avait été qu’un pion, forcé d’agir pour eux et qu’il avait même réussit à se libérer. En plus de ça, Ambre avait dit la vérité, que j’étais partie de mon plein gré. Du coup, personne ne nous cherchait. Cela expliquait beaucoup de choses. Marc était Mort dans un accident tout bête, un chauffard au volant qui lui est rentré dedans. Le genre de truc qui arrive tous les jours. A ce moment-là j’ai décidé de démissionner et de retourner en France. Bonjour maman… A elle, je lui ai tout expliqué, comme à vous à quelques détails près. J’étais de retour à la case départ.

Et vous savez comment j’ai surmonté l’épreuve ? Je n’ai gardé que les souvenirs qui me faisaient plaisir. Il faut savoir se satisfaire de peu, la vie ne nous offre pas beaucoup d’occasion d’être heureux. Pour atteindre le bonheur, il suffit de faire un choix. Et de s’y tenir.

marc
Marc, très approximatif, j’ai pas trouvé ce que je voulais 😛